L’allaitement est un moyen contraceptif peu fiable et qui peut s’avérer efficace à seulement 30 à 40% des cas.

1. Bonjour Dr, tout d’abord, après l’accouchement quand est-ce que la femme doit reprendre la contraception si elle le souhaite ?

Il est important d’anticiper et d’aborder la question de la contraception post-accouchement avec la future maman pendant sa grossesse et de l’informer sur les différentes méthodes possibles. En général, les femmes sont « propres », c’est-à-dire qu’elles n’ont plus de saignements post-partum (qu’on appelle aussi suite de couches) entre 30 à 40 jours maximum après l’accouchement. C’est à ce moment-là qu’elles peuvent reprendre une activité sexuelle et donc une contraception.
Il faut savoir qu’il n’y a pas de reprise de l’ovulation avant le 21e jour après l’accouchement : une contraception n’est donc pas nécessaire avant ce délai. Par contre, à partir du 21e jour, il existe un retour de fertilité et une contraception devient donc nécessaire si la femme a des rapports sexuels entre le 21e et le 40e jour.

2. Est-il vrai que l’allaitement constitue un moyen de contraception ?

L’allaitement est un moyen contraceptif peu fiable et qui peut s’avérer efficace à seulement 30 à 40% des cas. Il n’est donc pas recommandé aux femmes qui ne souhaitent pas avoir des enfants immédiatement de se fier seulement à l’allaitement.

3. Quelles sont donc les différentes méthodes de contraception possibles après l’accouchement ?

Il y a plusieurs scénarios possibles. Tout d’abord, il faut connaitre les différentes techniques de contraception communément admises au Maroc :

  • Les méthodes hormonales (pilules essentiellement)
  • Les dispositifs intra utérins (stérilets)
  • Les méthodes barrière (préservatifs)
  • La femme a le choix entre ces différentes méthodes, qu’elle choisit en concertation avec son médecin gynécologue selon son besoin.

4. Dr, parlez-nous des pilules, comment ça marche après l’accouchement ?

Pour les pilules, il d’abord faut distinguer 2 principaux types de pilules selon que la femme allaite ou pas.

  •  Si la femme allaite, on recommande l’utilisation des pilules progestatives (appelées pilule d’allaitement) qui sont à base de progestatifs seulement et ne contiennent pas d’œstrogènes. Elles se présentent sous forme de plaquettes de 28 comprimés qui doivent être pris de manière continue sans arrêt, pendant toute la durée de l’allaitement. Normalement, les femmes n’ont pas de « règles » pendant toute la durée d’utilisation de ces pilules, mais elles peuvent cependant avoir des « spottings ». Il y’a des femmes qui continuent d’utiliser ces pilules même après la période d’allaitement, mais je recommande généralement le recours aux pilules oestroprogestatives dès que possible pour les femmes qui ne présentent aucune contre-indication à cela.
  • Ensuite, si la femme n’allaite pas, elle peut passer directement à l’utilisation des pilules oestroprogestatives normales. Après l’arrêt de l’allaitement, ce que je recommande généralement, c’est d’arrêter la pilule progestative, il y’aura des saignements, puis débuter la pilule oestroprogestative le premier samedi après le retour de couches (premières règles après l’accouchement) : le samedi est d’abord un moyen de mémo technique, et il permet aussi à la femme d’être toujours propre les weekends. Je m’explique : en prenant la pilule samedi, elle aura ses règles lundi suivant et sera propre le samedi d’après.

5. Et si jamais la femme prend la pilule oestroprogestative pendant l’allaitement, par ignorance ou par erreur, y a -t-il un risque pour le bébé ?

Il n’y a pas vraiment de risque grave pour le bébé, cela peut surtout créer un déséquilibre hormonal. Mais, si par exemple le bébé est un garçon, les œstrogènes passent dans le lait maternel et il y a des risques de gynécomasties (développement excessif des glandes mammaires chez l’homme), et si le bébé est une fille, elle peut avoir ce qu’on appelle « des règles de sorcière », à l’arrêt de la pilule chez la maman. C’est pour cela qu’il n’est pas du tout recommandé de prendre ce type de pilule chez la femme qui allaite.

6. Dr, parlons maintenant du stérilet, qu’en pensez-vous ?

A mon sens, le stérilet reste un des meilleurs moyens de contraception, je parle du stérilet mécanique bien sûr. Pour les femmes ayant accouché naturellement, par voie basse, la pose du stérilet est possible à partir de 2 mois après l’accouchement.  Et en cas d’accouchement par césarienne, il faut compter au minimum 3 mois pour la pose du stérilet, le temps nécessaire pour une bonne cicatrisation utérine.
Avant d’avoir la possibilité de se faire poser le stérilet, la femme peut opter momentanément pour la prise de la pilule progestative pendant une période de 2 à 3 mois après l’accouchement, en attendant la réapparition des règles.

7. Dr, avez-vous d’autres recommandations pour les femmes post partum à part la contraception ?

Il faut savoir que lors de la grossesse, la muqueuse vaginale est très épaissie et très lubrifiée, et après l’accouchement il y a ce qu’on appelle un effondrement hormonal. Cette muqueuse qui était tellement épaisse et fluidifiée devient assez sèche et plastifiée si on peut dire cela comme ça. Les rapports qui interviennent donc après l’accouchement sont parfois douloureux. Il est donc recommandé à la femme, dès qu’elle est « propre », de se faire prescrire des lubrifiants vaginaux par son médecin traitant. Cette sécheresse se normalise bien sûr avec le temps et à la reprise de l’ovulation.