« Un jour, une patiente qui n’était enceinte que de quelques semaines m’a demandé avec beaucoup d’enthousiasme comment son bébé se nourrissait alors qu’il était si petit. Je n’ai jamais pensé à en parler pendant mes consultations avec les futures mamans mais il est normal que certains parents veulent savoir comment leur bébé se développe. »

Au début de la grossesse, environ lors de la troisième semaine, avant la semaine de retard de règles où de nombreuses femmes ne savent toujours pas qu’elles sont enceintes, les embryons qui ne sont formés que de quelques dizaines de cellules ont déjà besoin de nutrition. Les nutriments de base et l’oxygénation sont obtenus à partir de la caduque. La caduque est la couche interne de l’utérus dans laquelle l’embryon va se nicher ou s’implanter. Lorsque le fœtus atteint la cavité utérine, vers la quatrième semaine de grossesse, il commence à pénétrer la paroi de l’utérus jusqu’à ce qu’il trouve une zone vasculaire où il peut s’installer. Ainsi, l’embryon est entouré d’une substance très nutritive qui lui permet de se développer. Cette alimentation est de base jusqu’à la 8e semaine. Peu à peu, le placenta se développe et c’est à partir de la 8ème semaine que la capacité nutritionnelle du placenta devient la principale. A partir de ce moment, l’oxygénation s’effectue à travers ce qu’on appelle les villosités choriales.

Le début du placenta

Les villosités choriales sont les plus petites parties fonctionnelles du placenta. Ces villosités sont comme des doigts sur le placenta qui sont immergés dans des veines de sang maternel. C’est dans ces villosités que l’oxygène, le glucose, les immunoglobulines, les acides gras, les acides aminés et une foule d’autres substances nécessaires au développement du bébé sont transmis du sang de la mère au fœtus. Inversement, les acides tels que le CO2 et l’acide lactique et d’autres déchets passent du fœtus à la mère.

Que se passe-t-il si le placenta se développe mal ?

Lorsque cette formation du placenta ne se produit pas correctement pendant les premières semaines, il existe une anomalie du placenta. Cette placentation anormale peut être due à des altérations de la localisation du placenta ou de sa profondeur, et on en retient : 

  • Le décollement du placenta (ou hématome rétro placentaire) : c’est quand le placenta est excessif et les cellules précurseurs du placenta s’infiltrent trop dans la paroi utérine, atteignant même le muscle, ou même pouvant le traverser. Dans ces cas, on parle de placenta accréta, dont le diagnostic est compliqué avant l’accouchement, et qui peut provoquer des saignements légers à graves au moment de l’accouchement.
  • La prééclampsie :  cette maladie de la grossesse est causée par un dysfonctionnement du placenta, et ce, lorsqu’il y a un déficit de pénétration de cette dernière, l’oxygénation est défectueuse et l’organisme maternel réagit en augmentant la pression des artères qui vont vers l’utérus afin de répondre aux besoins du fœtus. Cela finit par déclencher une hypertension au niveau systémique. C’est l’origine de maladies telles que la prééclampsie.
  • Un mauvais positionnement du placenta : appelé placenta prævia est un placenta situé devant le fœtus et qui ne permet pas un accouchement par voie basse, dans un cas où le col est totalement recouvert, l’accouchement doit se faire par césarienne.

 

Dr. Diana Cuenca
Spécialiste en gynécologie et obstétrique à l’hôpital de Torrejón de Ardoz (Madrid)